Mission. Insertion (Philippe Labbe Weblog. II)

Si je croisais un candidat à la présidence…(Denis)

23 Février 2012, 09:19am

Publié par mission

Si je croisais un candidat à la présidence…
Mercredi, jour des enfants, et en plus c'est les vacances ! Alors un petit jeu auquel je vous invite à jouer. J'aimerais bien ne pas être le seul ! Si je croisais un candidat à la Présidence de la République et qu'il me donnait quelques minutes pour défendre le boulot que nous faisons en insertion (en Mission Locale pour mon cas), qu'est-ce que je lui dirais ?
Cette idée m'est venue à la suite à une intervention de Philippe Labbé en notre beau château de Châteaubriant (Château des Marches de Bretagne) qui nous disait que nous (travailleurs sociaux, conseillers pioupious ...) étions souvent convaincus des « bienfaits » de notre travail et beaucoup moins souvent convaincants !
Comme nous approchons dangereusement de la Présidentielle (J-60, je crois) et que je croyais que l'Institut Bertrand Schwartz allait jouer ce rôle en portant notre « bonne parole » au plus haut niveau, mais il semble aux dernières nouvelles que nous avons réussi à créer un institut fantôme, je vous propose que nous travaillions ensemble nos arguments pour être convaincants quand nous allons croiser tout à fait par hasard un-e candidat-e (candidat-e député-e ça marche aussi car il-elle vote les lois !).
Comme je suis un groupie sans limite, je lui conseillerais - à la candidate, au candidat - de lire tout le blog de Philippe Labbé et celui de Michel Abhervé et de repasser me voir après pour en discuter. Mais bon, je vous l'accorde, ça ne va pas marcher...
Essayons de commencer par le commencement.


Qui sommes-nous ?
Les Missions Locales ont 30 ans cette année ! Comme la FIV, hasard ou pas ? Bon anniversaire aux Missions Locales et PAIO !
Elles ont été créées à un moment où le chômage des jeunes explosait et où l'ANPE de l'époque semblait peu ou mal adaptée pour répondre aux problématiques de ces jeunes. Il a été décidé de prendre en compte le jeune dans sa globalité (formation, emploi et aussi logement, santé, culture, mobilité ...), ce que peu de personnes remettent en cause aujourd'hui, à part nos financeurs qui ne voudraient voir que l'emploi. Petite précision : nous ne créons pas d'emplois directement, nous en avons même perdu un bon nombre en 2011 (environ 1000 sur 12 000, on s'approche de 10%).


Pourquoi existons-nous encore 30 ans après ?
Bonne question ! Parce qu'on est sympas avec les jeunes ? Non, je ne pense pas !
Parce que cela permet de donner bonne conscience aux élus des territoires en disant : « Vous êtes jeune, allez voir la mission locale, je les finance bien assez (1,40 euro par habitant et par an en moyenne) pour qu'ils vous accompagnent ! » Cela évite de se poser des questions : pourquoi les jeunes sur « mon territoire » sont-ils au chômage ? Quels sont les problèmes : mobilité, logement, formation ? Quoi, ils ne s'inscrivent même pas à Pôle Emploi ! Mais comment ça se fait ? On laisse les conseillers pioupious se débrouiller tant bien que mal en leur signalant tout de même que « Bon, c'est bien tout ça, l'approche globale et patati et patata, mais combien trouvent du boulot au bout ? » Bon, là, je reconnais, je suis méchant avec les élus !
En tout cas, nous sommes toujours là pour le moment et les jeunes sont plus d'un million à franchir nos portes chaque année.


A quoi servons-nous ?
Là, réponse plus personnelle. Nous sommes des êtres humains embarqués dans la même galère que les jeunes que nous recevons. Nous sommes (mais je ne sais pas si tous les pioupious partagent ce sentiment) un média, une interface entre la société (méchante, griffue, pas drôle) et les jeunes (gentils, mignons…). Je caricature mais c'est pour mieux arriver à la suite.
Nous sommes une société où les différentes classes ne discutent plus ou pas (je ne sais pas si cela a déjà existé la discussion entre les classes). Tout le monde pense avec les images toutes faites sur les autres : « Les jeunes ne veulent plus travailler » d'un côté, contre « Les méchants entrepreneurs assoiffés par l'argent » de l'autre. Et plus personne n'a raison. Nous, pauvres pioupious débordés, sommes au milieu de cette jungle et tentons du mieux que nous le pouvons de faire se rencontrer ces êtres humains : jeunes d'un côté et entrepreneurs de l'autre.


Nos manques
Notre réseau, même s'il a 30 ans, est peu connu et peu constitué. Pas d'identité visuelle commune, pas de forte personnalité à sa tête peut-être, pas très médiatique (visuellement, un jeune dans un bureau de conseiller, ce n'est pas très vendeur de nos jours !)... et sans doute plein d'autres bonnes raisons. J'ai évoqué en introduction l'Institut Bertrand Schwartz qui a lancé de grands espoirs…


Nos besoins
Un financement sécurisé sur plusieurs années. Se réorganiser tous les ans : plan de relance en 2010, plan de descente en 2011... C'est fatiguant !
Une pause dans les dispositifs et une réelle étude sur ce qui marche et comment (dans le CIVIS par exemple) pour tout remettre à plat.
La fusion de l'ANI dans le CIVIS (arrêtons les usines à gaz pour rien !). L'ANI a mis le bourdon à tous les conseillers qui avaient encore quelques neurones valides.
Un rôle accru dans l'accompagnement de l'apprentissage (Régis vous l'expliquera mieux que moi !)
Des moyens pour créer de réels observatoires des jeunesses sur les territoires (avec les régions ?), pas forcément seuls bien sûr mais notre approche globale nous donne quelques atouts.


Mes envies
Là, c'est pour moi. Depuis que j'ai intégré le réseau (environ 6,5 ans), j'ai lu énormément de rapports sur la jeunesse, les jeunes, l'insertion et tutti quanti... J'aimerais bien que les faits avérés maintes et maintes fois soient pris en compte :
Le stop and go sur les contrats aidés a des effets délétères (ce que nous faisons en ce moment car tout est ouvert et au 2ème semestre, quel que soit le gouvernement, il risque d'y avoir un arrêt).
Les contrats d'autonomie coûtent chers et n'ont pas de meilleurs « résultats » que le CIVIS, par exemple l'étude citée par Philippe (numéro 87 de « Connaissance de l’emploi », décembre 2011, signée de Gwénaëlle Perrier) sur l'obligation de résultats qui influe sur le travail des conseillers : sélection des mieux « employables ».
La pression à l'emploi, quand il y a peu d'emplois, est insupportable.
Franchement, je ne sais pas à quel moment il faut reprendre la réflexion (au début sans doute). Le Livre vert (sous l'époque Martin Hirsch) avait des côtés intéressants et il avait eu le mérite de mettre un bon nombre d'acteurs autour de la table (contrairement au rapport Joyandet).
Ce que j'espère, c'est que le ou la prochaine Président-e, une fois élu-e, se donnera les réels moyens d'une politique des jeunesses et ne se contentera pas des réflexions de cabinet pour arbitrer mais saura aussi s'appuyer sur le terrain (jeunes et techniciens).
De même que les Missions Locales ont tout à gagner à mettre en place des comités d'usagers qui permettront l'expression des jeunesses.


Y a encore du boulot pour être convaincant mais je compte sur vous !!!

 

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Rbeaune - "Oui Denis les Missions locales doivent revendiquer un rôle accru au niveau de l'apprentissage qui correspond, pour la très grande majorité des jeunes, à la découverte du monde du travail... C'est un mode de formation dont on ne peut nier les qualités et les résultats, même si lorsqu'on parle de 70 ou 80% d'accès à l'emploi dans les 6 mois on ne précise pas que ne sont concernés que ceux qui ont leur diplôme et même si on ne parle pas du devenir de ceux qui ont rompu leur contrat... Je m'appuie souvent sur une comparaison avec le contrat de professionnalisation qui pourtant s'adresse à des personnes plus agées et avec déjà une expérience professionnelle : un dispositif de tutorat externe (le 4ème pied pour assurer la stabilité) est prévu pour faciliter le maintien en formation...
Pourquoi ne pas dupliquer cela au niveau de l'apprentissage ??? Pour des raisons financières ??? car il y a beaucoup plus de contrats d'apprentisssage que de contrats de professionnalisation ???
Mais si on mesurait le coût -au niveau financier, mais surtout humain- de redynamisation d'un jeune ayant subi un échec dans sa première expérience professionnelle... je pense que la prévention est plus efficiente que la réparation...
Cela mériterait un plus grand développement qui, après le père Formant, le père Noël et le père Fouettard, pourrait s'appeler le Père Imètre..."

 

Le Concombre - "Il y a fort peu de chances que le futur président que l'on espère "socialiste" malgré tout, soit plus au fait que ses prédécesseurs en matière de mission locale. A Paris où l'adjoint au maire en charge de la politique jeunesse à Paris et ci-devant Président de la plus grosse mission locale de France, à savoir celle de Paris, multiplie les interventions, télé, radios, twits, interviews et autres interventions dans le cadre de la campagne socialiste comme secrétaire national à l'éducation (donc des jeunes), ne dit un traître mot de sa responsabilité à la tête de la mission locale de Paris...

Je nous vois mal engagés pour la suite..."

 

 

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L
Il y fort peu de chances que le futur président que l'on espère "socialiste" malgré tout, soit plus au fait que ses prédécesseurs en matière de mission locale. A Paris où l'adjoint au maire en<br /> charge de la politique jeunesse à Paris et ci devant Président de la plus grosse mission locale de France, à savoir celle de Paris, multiplie les interventions, télé, radios, twits, interviews et<br /> autres interventions dans le cadre de la campagne socialiste comme secrétaire national à l'éducation (donc des jeunes), ne dit un traître mot de sa responsabilité à la tête de la mission locale<br /> de Paris...<br /> <br /> Je nous voit mal engagé pour la suite...
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R
Oui Denis les Missions locales doivent revendiquer un rôle accru au niveau de l'apprentissage qui correspond, pour la très grande majorité des jeunes, à la découverte du monde du travail... C'est<br /> un mode de formation dont on ne peut nier les qualités et les résultats, même si lorsqu'on parle de 70 ou 80% d'accès à l'emploi dans les 6 mois on ne précise pas que ne sont concernés que ceux qui<br /> ont leur diplôme et même si on ne parle pas du devenir de ceux qui ont rompu leur contrat... Je m'appuie souvent sur une comparaison avec le contrat de professionnalisation qui pourtant s'adresse à<br /> des personnes plus agées et avec déjà une expérience professionnelle : un dispositif de tutorat externe (le 4ème pied pour assurer la stabilité) est prévu pour faciliter le maintien en formation...<br /> Pourquoi ne pas dupliquer cela au niveau de l'apprentissage ??? Pour des raisons financières ??? car il y a beaucoup plus de contrats d'apprentisssage que de contrats de professionnalisation ???<br /> Mais si on mesurait le coût -au niveau financier, mais surtout humain- de redynamisation d'un jeune ayant subi un échec dans sa première expérience professionnelle je pense que la prévention est<br /> plus efficiente que la réparation...<br /> Cela mériterait un plus grand développement qui, après le père Formant, le père Noël et le père Fouettard, pourrait s'appeler le Père Imètre...
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